Le guide de visite de l'aqueduc depuis Uzès jusqu'à Nîmes

Pont de la Lone.

11 - LE PONT DE LA LONE

A partir de là, on peut voir un des plus remarquables tronçons de cet aqueduc sous la forme d'une série d'arches que l'on va suivre, avec quelques coupures sur plus d'un kilomètre et demi.

La première partie, appelée "Pont de la Lône", nous amène jusqu'à la départementale, route Uzès Remoulins, que l'aqueduc devait franchir sur un superbe ouvrage aujourd'hui disparu. Dans cette partie, une série d'arches se développe sur 250 mètres, atteignant une hauteur maximale de 6,60 mètres.

Ce tronçon qui change trois fois de direction est tout à fait remarquable pour plusieurs raisons.

D'abord, on s'aperçoit, en le parcourant, qu'il n'est pas construit de façon uniforme, mais suivant des techniques variant Pont de la Lone.sensiblement en différents points du tracé. Par exemple, certaines piles sont supportées par des assises en gros appareils, d'autres se contentent de petits moellons ; certaines piles sont renforcées par des contreforts atteignant les pieds de la voûte, d'autres n'en ont pas ; les frises de décorations présentes sur certaines sections, absentes sur d'autres.

Ensuite, ce tronçon de l'aqueduc montre bien que ces Romains, bâtisseurs hardis et têtus, n'en étaient pas moins confrontés à des problèmes qu'ils résolvaient péniblement par la surenchère au niveau du volume. Que telle partie paraisse un peu fragile et on bouchera ici quelques arches par un mur tantôt plein, tantôt creux, on rajoutera là un pilier en contrefort du précédent, mais pas dans son axe, enfin là-bas, on construira plutôt une murette en espérant que ça suffira.

Essayons de suivre cette partie de l'aqueduc.

 

 

Pour atteindre le début du "pont de la Lône", il faut prendre le chemin à droite à partir de l'endroit où l'aqueduc traverse la route. Ensuite, il faut suivre le petit sentier qui s'échappe sur la gauche, juste après la barrière fermée d'une chaîne interdisant le passage aux véhicules.

 

 

 

Après quelques mètres, on marche déjà sur les restes de l'aqueduc qui se présente sous la forme d'un mur, en fait une très longue culée amenant à la première arche. Au bout de 50 mètres, nous arrivons à une énorme concrétion de calcite de plusieurs dizaines de mètres cubes. L'aqueduc avait donc ici de grosses fuites, engendrés par un détournement de l'eau par captage. Ce captage a été fait à la base du canal de l'aqueduc, et la nouvelle canalisation, certainement en bois était portée par des madriers de bois dont on voit nettement les empreintes rectangulaires dans les concrétions. Combien de litres d'eau se sont déversés ici et pendant combien de temps ? Difficile à dire. Mais des débuts de stalagmites indiquent que la canalisation de captage présentait de nombreuses fuites. Dix mètres plus loin, on peut voir une deuxième grosse concrétion due à des piqures sur la canalisation.

 

 

 

 

Pont de la Lone.

 

A dix mètres, sur la gauche de la concrétion, il y a une espèce de puits réservoir, non romain, qui collectait peut-être l'eau de l'aqueduc ou tout simplement l’eau pluviale pour les cultures.

Ensuite, l'aqueduc se perd dans la broussaille et réapparaît plus loin avec les premières arches, d'abord bouchées proprement puis de plus en plus débouchées.

 

 

 

On a d'abord une série de 28 piles sans contrefort, puis une deuxième série de 8 piles contrefortées et enfin une dernière série de 3 piles sans contrefort. Les assises des piles sont en petit appareil sauf les piles les plus hautes dont les bases reposent sur une ou deux assises en gros appareil.

Du côté du soleil levant, une dizaines de piles ont consolidées par un renfort de deux mètres de large pour un de haut en petit appareil. On remarquera que ces assises sont décalées par rapport à l'axe des piles. Et de l'autre coté c'est un mur plein d'un mètre de large et autant de haut, qui double la base de l'aqueduc dont les arches ont, par ailleurs été bouchés postérieurement à la construction de l'aqueduc, d'abord pour le consolider et ainsi limiter les fuites, et ensuite, certainement après des secousses sismiques, afin d'éviter l'écroulement de l'aqueduc.

Un peu plus loin, les piles sont posées sur des supports en gros appareil construits dès l'origine des travaux. Ces arches ont été bouchées ; pourtant l'usure générale de celles-ci, les profondes traces d'érosion indiquent que le bouchage n'a pas tenu bien longtemps.

L'intérieur du pont de la Lone.

 

 

Un peu plus loin encore, arche n°18, on a l'exemple d'une partie rebouchée certainement peu après la construction car les arêtes des voussoirs sont vives ; il n'y a pas de trace d'usure. Deux murs ont bouchés l’arche et l’intérieur a été laissé creux. On voit bien que l’intérieur, très net, n’a jamais été remplit. On peut en admirer la finesse du parement, pourtant destiné à rester caché. Les piles ne sont pas pourvues de contreforts.

Au même endroit, de l'autre côté, au tout début du muret, on peut voir, à la base de cette arche bouchée, une deuxième arche, plus petite, également bouchée. Elle devait permettre au maçon qui finissait l'intérieur du mur de pouvoir ressortir.

 

 

Le pont de la Lône

 

Plus loin encore, nouvelle série d'arches, avec des contreforts de piles, massifs et arrondis posés sur des blocs monumentaux.

Un peu plus loin coté soleil levant on voit le contrefort posé sur un support en gros appareil. Autre détail à remarquer ici, on ne voit aucune trace d'arche ou de départ d'arche. En fait, il n'y a jamais eu d'arche ; dès l'origine, elle a été remplacée par un mur avec une collerette décorative prolongeant celle du pilier. Le cas du mur prévu dès la construction se présente plusieurs fois. C'était une façon de renforcer de temps en temps l'ensemble de l'édifice.

Derrière le même mur, il y a également une extraordinaire concrétion.

 

Ensuite, le niveau du sol remonte, les arches disparaissent et deviennent murettes, encore partiellement recouvertes du beau parement en moellons.

Enfin, le niveau du sol baisse à nouveau et l'aqueduc retrouve ses arches aujourd'hui disparues. Mais à cet endroit, l'arche avait également été remplacée par un mur comme on l'a déjà vu plus haut.

A la pile suivante, on remarque le départ d'une arche sur un gros bloc.

Queue d'aronde.

Enfin, plusieurs bases des piles sont visibles, énormes blocs smillés, réunis par des queues d'aronde. Ces blocs peuvent être posés directement sur le sol rocheux ou supportés par un lit de moellons.

En poursuivant le sentier jusqu'au bord de la colline coupée par la voie ferrée puis par la route, vous verrez en face, les bases des piles de l'aqueduc qui continue en direction du Pont du Gard. Ce passage était franchi par un superbe pont à deux ou trois étages, le "pont de la Fons Menestière" qui avait plus de 300 m de longueur et une hauteur de 25 m.

 

l'arche 18.



L'arche numéro 18 avec en bas la voûte de la petite arche de sortie.

 

 


 


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