Le guide de visite de l'aqueduc depuis Uzès jusqu'à Nîmes

 

12 - LE PONT ROUPT ET LE PONT DE VALIVE

Deux séries d'arches se développent ici sur un parcours d'un kilomètre de long. La première est appelée Pont Roupt et la seconde Pont de Valive.

a) LE PONT ROUPT

Y aller : Le plus simple est de garer sa voiture sur le petit parking situé au carrefour de la route de Vers et l'axe Uzès Remoulins, puis de revenir au carrefour et de prendre le chemin - barré par un portillon métallique - qui part juste en face. Celui-ci arrive d'abord à un rond point, puis, 50 mètres plus loin, tourne à gauche en passant sous l'aqueduc. De là, il faut revenir à l'extrémité Nord des arches en les longeant.

Au bout, on a une vue générale de l'arrivée de l'aqueduc au bord de la colline. On voit sur la colline en face, le chemin menant au "Pont de la Lône".

Pont de la Font Menestière

 

 

 

On remarquera d'abord les assises des piles du pont disparu dit de la "Fons Ménestière" qui mesurait au niveau de la canalisation pas moins de 340 m de long pour 18 m 50 de hauteur.

 

 

 

Pont Roupt

 

 

 

Les piles qui virent à 90° avant de franchir la dépression étaient posées sur des supports en gros appareil pesant chacun plusieurs tonnes. Au-dessus, le mur de parement est intact. Ces blocs sont dit smillés car taillés avec une smille, instrument à pointe dont on voit très bien les traces.

 

 

 

Le pont Roupt (rompu) se présente sous la forme de trois longueurs formant un "S" bien visible sur une vue aérienne. Il totalise une longueur de 310 mètres et comportait 37 arches dont la plus hautes hissait le sommet de la canalisation à 8,10 m.

 

Pont Roupt

 

 

Sur les morceaux restants des pieds-droits de la canalisation, on peut voir les traces de la couche de peinture rouge.

Le pont Roupt.

 

 

Les arches de quatre mètres d'ouverture sur 2,50 m de largeur ont presque toutes été rebouché dans l'antiquité. Remarquer que le mur de parement a, presque partout, disparu au niveau de l'arche, signe, peut-être, de la mauvaise qualité du travail dans ce tronçon.

 

 

 

On peut d'ailleurs se demander qui a construit cet aqueduc. Il a fallu des milliers de personnes. Qui utilisait-on ? Des militaires romains, des civils, des autochtones, des esclaves..... les vrais maçons étaient sûrement peu nombreux ; les équipes travaillaient en parallèle sur différents tronçons, conduites par un chef plus ou moins compétent, ce qui explique les différences de qualité suivant les endroits et le manque d'uniformité. Le tout devait être supervisé par quelque spécialiste des aqueducs, peut-être venu de Rome.

Pont Roupt

 

A la fin de la barre centrale du "S", le pont s'est écroulé en basculant du coté du devers du terrain.

Près du chemin goudronné, on peut voir plusieurs morceaux de l'aqueduc effondrés. Pour quelle raison ? Mouvement de terrain, tremblement de terre, mauvaise construction. On ne le saura certainement jamais.

L'aqueduc enjambe, en partie, le chemin par lequel on est arrivé. A partir de là, longer cette série d'arches, en suivant le chemin qui est à ses pieds jusqu'au virage à droite au fond.

 

 

Le pont Roupt sous la néige.
 
 

Les arches de cette série ont toutes été bouchées à une certaine époque mais aujourd'hui leur aspect est très variable. Ainsi, certaines sont encore entièrement bouchée ; mais il n'y a pas de parement,. On remarque aussi qu'aucun ciment ne lie toutes ces pierres ; elles sont simplement posées les unes sur les autres.

 

Ailleurs, une autre arche, mais qui n'est pas du tout bouchée. L'a-t-elle été un jour ? Toutes les autres le sont, au moins en partie. D'autre part, la base des claveaux, profondément vidée indique une érosion de longue date.

 

Pont Roupt

 

 

 

Au début de ce tronçon, sur sa face sud, On verra deux énormes amas carbonatés à dix mètres l'un de l'autre.

Après une dizaine d'arches, la hauteur de l'aqueduc ayant quelque peu diminué, les arches sont remplacées par un mur de deux mètres de haut.

 

 

Au bout d'une centaine de mètres, le chemin tourne à droite. Pour suivre l'aqueduc et atteindre le "Pont de Valive", il faut, au niveau du virage, traverser l'arche et prendre, de suite à droite, un petit sentier qui part vers le sud. L'altitude du sol augmentant toujours, l'édifice n'a plus qu'un mètre de hauteur.

Un peu plus loin, l'aqueduc finit par disparaître complètement. On le retrouve 100 mètres plus loin, après avoir suivi le sentier à travers la broussaille en direction du sud. Quelques sondages faits par les archéologues permettent également de ne pas le perdre.

Nous sommes ici dans un sous-bois typique des collines de la garrigue languedocienne ; le sol n'est qu'un ramassis de cailloux (ici on dit des "caillas") sur lequel a réussi à pousser, allez savoir comment, un taillis de yeuses, avorton de forêt. Mêlés à ces drageons de chênes verts, les chênes Kermès reconnaissables à leurs feuilles à la fois armées de piquants et attaqués par une gale qui couvre la feuille de cloques, et les cades aux longues aiguilles (vertes avec deux bandes blanches), à quoi se rajoute une épaisseur disparate d'arbrisseaux et autres buissons, dont la caractéristique commune est qu'ils semblent tous comporter des épines et dont la finalité générale est de rendre le boqueteau plus impénétrable que la plus noire des forêts équatoriales. Et c'est réussi car, à moins d'avoir une machette, il est totalement impossible de pénétrer dans certains sous-bois. C'est la réaction de la nature face aux ravages causés par les moutons depuis des siècles. Et pour pouvoir passer, les pasteurs mettent le feu. Le chêne vert lui-même s'y est mis ; regardez les feuilles du haut, les bords sont lisses, regardez, maintenant, celles du bas, elles comportent des piquants pour dissuader les moutons.

 

b) LE PONT DE VALIVE

Le pont de Valive se déroule sur une longueur de 310 m avec une hauteur maximale de 8 m. Il comporte en tout une cinquantaine d'arches.

Pont de Valive

 

 

 

Enfin, l'aqueduc réapparaît, d'abord sous forme de mur, ensuite on apperçoit quelques arches dont certaines montrent d'importantes drapperies carbonatés engendrées par les nombreuses piqures pratiquées sur la canalisation sur une longue série d'arches bouchées.

 

 

 

Un sondage montre que le mur de soutènement s'enfonce profondément dans le sol ; une margelle décorative longe la construction en bas des arches. Noter la coulée de calcaire qui s'étend parfois sur plusieurs dizaines de mètres, indiquant que certaines portions de l'aqueduc fuyaient abondamment.

 

Pont de Valive

 

Un peu plus loin, l'aqueduc réapparaît à nouveau en une longue série d'arches. Ici aussi, il y a une énorme concrétion. En passant derrière celle-ci, vous verrez que l'arbre a poussé entre cette dernière et l'aqueduc, démontrant à quel point la seule végétation peut déplacer, voire casser, un ouvrage aussi monumental que celui que nous visitons.

Là encore, des arches ont été bouchées, des piliers et des contreforts ont été rajoutés.

Au bout de cette envolée d'arches, l'aqueduc en mauvais état traverse la route qui mène à gauche, au parking payant, à 300 mètres du Pont du Gard.

L'aqueduc, ayant traversé la route, se retrouve dans une propriété entourée d'un grillage, mais on peut le suivre en prenant le petit sentier qui contourne celle-ci.

 

Une base énorme.

 

 

 

 

En suivant ce sentier, on peut voir, au début, quelques morceaux de l'édifice, notamment des bases de piliers, superbes blocs d'environ 3,50 m sur 2 m, et il y a deux épaisseurs. Ensuite, on peut voir une autre série de 4 arches de 6 m d'empattement à la base.

Plus loin encore, les arches sont de plus en plus petites car le niveau du sol s'élève. Puis elles sont remplacées par un simple mur avant de s'enfouir dans le sol de la colline.

 

 

Dans la clairière écrasée par la chaleur torride de l'été, où l'olivier se mêle au cade, où l'arbousier se joint au buis, et où le ciste aux feuilles de velours accompagne le romarin, l'air vibre à l'infini du chant assourdissant des cigales qui gênaient tant Monsieur Racine : "Je suis tout le jour étourdi d'une infinité de cigales qui ne font que chanter de tous côtés, mais d'un chant le plus perçant et le plus importun du monde". (Lettre du 13 juin 1662).
 

le pont de Valive

 

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