- LE PONT DU GARD -

Le Pont du Gard.

Le Pont du Gard est, bien entendu, la partie la plus extraordinaire de cet admirable aqueduc et il a été célébré par un bon nombre d'écrivains, notamment Jean-Jacques Rousseau dans Les Confessions.

C'est à la fois le plus grand, le plus beau et le mieux conservé de tous les ponts aqueducs du monde romain.

A ce titre, il a été classé comme faisant partie du patrimoine de l'humanité et, chaque année, environ deux millions de visiteurs du monde entier viennent lui rendre hommage. Et, lorsque l'on a la chance de vivre dans son voisinage, la même émotion vous surprend chaque fois qu'il surgit derrière le dernier virage.

Majestueux par ses dimensions, il affiche cette sérénité des anciens, des patriarches qui en ont vu d'autres et qui n'ont plus rien à prouver, qui regardent passer le temps et les petits enfants qui s'émerveillent devant leurs vieilles rides et, tout à coup, on se sent fier d'être Homme.

L'impression ressentie est d'autant plus forte que le Pont du Gard est situé dans un paysage à la fois beau et austère, et calme car isolé de la société urbaine et bruyante. De plus, ouvrage colossal, il n'enjambe la plupart du temps, qu'un étroit cours d'eau.

Le Pont du Gard traverse la vallée du Gardon à un endroit où celui-ci est particulièrement étroit. Mais sa hauteur de 48,77 m au-dessus des eaux de la rivière lui confère néanmoins une longueur actuelle de 275 m au troisième étage et davantage, à l'origine, puisque l'extrémité côté rive gauche a été tronquée de plus de 100 m.

Il est presque entièrement bâti en "gros appareillage" de calcaire coquillier extrait des carrières situées à quelques centaines de mètres seulement.

La grande arche.

Il comprend trois séries d'arches en retrait l'une par rapport à l'autre. La rangée du bas, d'une hauteur de 21,87 m, se compose de 6 arches de 6,36 m de large et mesure 142,35 m de long. La rangée du milieu a une hauteur de 19,50 m et une largeur de 4,56 m. Elle se compose de 11 arches totalisant 242,55 m de long. L'ouverture des arches des deux premiers niveaux est identique puisque les piles des arches du 2ème étage sont posées dans l'axe des piles du premier pour lui donner plus d'assise. Leur ouverture est variable et passe de 24,52 m pour celles qui enjambent la rivière, à 19,50 m pour celles qui les suivent, les plus étroites ne mesureront plus que 15,50 m.

Le troisième étage mesure 275 m de long et comporte 35 arceaux de 7,40 m de haut et 3,06 m de large avec une ouverture constante de 4,80 m. L'épaisseur des piles varie de telle sorte qu'un nombre toujours complet d'arceaux soit jeté dans l'entraxe des piles des étages inférieurs, soit exactement 4 arceaux pour l'arche la plus grande, celle qui traverse le Gardon, et trois pour les autres, ce qui fait que les piles sont de plus en plus étroites au fur et à mesure que l'on se rapproche des extrémités. Exceptionnellement, la dernière grande arche côté rive gauche ne supporte que 2 arceaux.

Les départs des piles des deux niveaux inférieurs sont à des hauteurs différentes bien marquées par des impostes moulurées. On remarque, sur les piles des boutisses et des pierres d'appui ayant servi de fixation à la charpente lors de la construction. Elles n'ont pas été supprimées par la suite, en prévision de leur réutilisation lors de la réfection du pont.

Les deux premiers niveaux sont entièrement composés en grand appareil ainsi que les piles du troisième jusqu'au départ des arceaux. Ces blocs de plus de cinquante centimètres d'épaisseur, dépassent parfois les deux mètres de long, ce qui leur confère un poids d'environ six tonnes.

Ces blocs énormes étaient hissés au sommet grâce à la technique de la chèvre et du treuil mus par les hommes escaladant les marches intérieures d'un tambour du type cage à écureuil. Ces gros blocs sont montés à sec. Les bossages sont laissés bruts ; des ciselures apparaissent dans le parement.

Les voûtes des deux niveaux inférieurs sont constituées par des arcs doubleaux juxtaposés, ceci afin de pouvoir les monter un par un. Ce procédé permettait aussi de faire des économies sur le bois de cintrage qui n'avait que la longueur d'un arc et qui était déplacé au fur et à mesure.

Les arches du premier étage sont composées de quatre arcs doubleaux de 1,60 m de large et autant d'épaisseur. Celles du second étage, de trois arcs doubleaux de 1,52 m. A certains endroits de la voûte, il y a des voussoirs saillants qui servaient d'appui aux poutres de cintrage.

Les piles inférieures sont posées directement sur le rocher qui est à sec en période d'étiage afin d'éviter tout travail d'érosion. Il se peut que le fond de la rivière ait même été creusé afin que l'eau n'atteigne pas la base des piles.

Mais les romains avaient entendu parler des crues spectaculaires du Gardon, aussi ont-ils pourvu les piles du bas d'avant-becs triangulaires d'une dizaine de mètres de haut pour fendre le courant, hauteur remarquable mais insuffisante lors des crues gigantesques de 1958 qui provoquèrent la mort de 35 personnes. Le niveau des eaux atteignit, ce jour-là, la base des piles du deuxième étage mais le vieux monument resta debout, inébranlable, alors que de nombreux autres ponts, dont celui de Remoulins, furent emportés par cette "gardonnade" historique. Depuis, on a construit une série de barrages pour dompter les hardiesses dévastatrices de cette rivière.

L'aqueduc sur le Pont du Gard.

 

Le pont du Gard présente, vers l'amont, une légère convexité afin, peut-être, de mieux résister à la poussée du courant.

L'aqueduc proprement dit est construit en petits moellons. La canalisation a 1,20 m de large et 1,85 m de haut avec des pieds-droits de 0,85 m d'épaisseur. Elle est couverte par des dalles débordantes de 0,35 m d'épaisseur pour 1 m de large et 3,65 m de long.

Surrélévation de la canalisation au PdG.

Un détail important est à noter ici. La hauteur interne était à l'origine de 1,30 m environ, mais lors de la mise en eau, celle-ci monta trop haut, voire déborda de la canalisation, au moins à certaines périodes de l'année. Cet imprévu les obligea à surélever les pieds-droits en petits moellons d'une épaisseur en gros appareil de 60 cm bien visible à l'intérieur. De l'extérieur, on voit aussi très bien la surélévation car elle a créé un deuxième rebord.

L'intérieur de la canalisation qui permet de traverser, au niveau du 3ème étage, à tous ceux qui ont le vertige, est couvert d'une épaisse couche de dépôt calcaire.


 
 

 

Inscription asur le PdG.De nombreuses inscriptions peuvent être vues sur le Pont du Gard. Elles sont de deux types : celles qui sont d'origine romaine et celles qui sont modernes.

Les inscriptions romaines sont surtout des chiffres et des lettres représentant les numéros et les emplacements des pierres qui étaient taillées, peut-être aux carrières même (car il n'y a pas beaucoup de place autour du Gardon), avant d'être hissées à leur place.

On peut lire notamment sur les piles et sous la voûte, des repères du genre : I, II, III, IV, etc. ou bien FRSIII, FRDIV, signifiant " fronte sinistra, fronte dextra ".

On trouve aussi inscrit ces trois mots superposés et à la signification mystérieuse : MENS TOTUM CORIUM.

A deux mètres du sommet de la quatrième pile du deuxième étage, à partir de la rive droite, bien visible en s'appuyant contre le parapet de la route, on aperçoit un petit bas relief représentant un phallus. Il s'agit d'une sculpture assez courante sur les monuments romains ; il y en a également plusieurs aux arènes de Nîmes, préservant contre le mauvais oeil. Cette sculpture est plus connue ici sous le nom de "lièvre du Pont du Gard" depuis que Frédéric Mistral a bâti autour de lui une légende.

Le lièvre du Pont du Gard

Les autres inscriptions et dessins sont dus aux bâtisseurs compagnons du tour de France qui ont restauré le Pont du Gard au siècle dernier. Enfin, on trouve, évidemment, des graffiti contemporains.

Plusieurs itinéraires permettent de visiter et de photographier le Pont du Gard : en le traversant à pied, au niveau de la route ou bien par l'aqueduc au troisième étage. Les plus courageux pourront passer sur les dalles qui recouvrent l'aqueduc mais il en manque quelques-unes, les autres passeront dans la canalisation. L'on a accès aux deux extrémités de l'aqueduc grâce à des escaliers partant du côté aval. On peut aussi le traverser au pied du troisième étage mais c'est assez dangereux, surtout par temps de mistral. (Il n’est plus possible actuellement de traverser le Pont du Gard au niveau des second et troisième étage).

Un chemin partant en face puis à gauche en bas des escaliers en colimaçon, côté rive gauche, permet d'accéder, à quelques centaines de mètres de là, à un point de vue.

Un autre partant du même côté au niveau de la route permet d'atteindre, en contrebas, une espèce de plage où l'on peut se baigner.

Enfin, un dernier chemin, balisé, partant de l'extrémité opposée à hauteur du canal, permet d'atteindre un autre point de vue puis de redescendre jusqu'à la berge.

On peut également approcher ce magnifique monument de manière plus originale en descendant le Gardon en canoë-kayak, en location sur place.

Il existe maintenant autour du Pont du Gard un ensemble de services : hôtels, restaurants, bars, camping, magasins et maison du tourisme, et également un beau musée, qui ont été inclus dans un méga-projet touristique, au coût pharaonique (véritable arlésienne depuis le début des années 1990). Plan du nouveau site du pont du Gard.

 

Collection : 40 superbes photos du Pont-du-Gard.
 
 


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